mercredi 2 septembre 2020

Le rapatriement, une aventure couleur rouge écarlate.


Notre neuvième saison de voyage en Europe  a été  balayée par la tempête de la covid 19 qui a soufflée sur notre planète. Nos billets d'avion du début de l'été ont été cancellés comme presque tous les vols vers l'Europe. 

Nous devions passer l'été dans les Alpes à faire un peu de vélo et surtout de la randonnée  en haute montagne mais le corona virus en a décidé autrement. Compte tenu que nous avions terminé l'année passée notre grand tour de l'Europe nous prenons la situation avec optimiste et profitons de notre nouvelle maison sur le Richelieu.

L'été passe sans voir une grande amélioration de la situation, les douanes sont toujours  fermées et le gouvernement canadien ne recommande toujours de ne pas voyager. Début septembre les vols d'Air Transat reprennent et je décide de tenter un rapatriement du campeur entre les deux vagues de covid. Je quitte seul pour la France avec masques et gel désinfectant. 




Les vols sur Nice ont tous été cancellés,  je dois me rendre à Marseille et prendre le TGV jusqu'à St Raphaël et rejoindre le campeur qui est à  Roquebrune sur Argens. Comble de malchance la France est déjà dans la deuxième vague avec plus de 10 000 nouveaux cas chaque jour et ici à Marseille c'est déjà rouge et les hôpitaux débordent. 

Je décide d'accélérer le pas et de déplacer mon billet de retour. Pas de chance à prendre, je veux surtout ne pas tomber malade ici et visiter les urgences. Et oui j'ai pris  une assurance qui couvre la covid 19 avant mon départ. 

 

Je retrouve mon campeur en très bon état, un gros merci à Thomas de JBF  gardiennage
qui s'est occupé de notre campeur durant notre absence. En deux jours je le prépare pour un voyage 
de 1 200 kilomètres jusqu'à Anvers en Belgique. Je dois aussi nettoyer le dessous du véhicule à la pression pour enlever toute trace de boue. 

Il sera inspecté à son arrivée au Canada par le ministère de l'agriculture qui ne tolère aucune trace de boue et j'ai remarqué à l'automne passé qu'il restai sous le châssis encore des traces de boue de notre séjour en Afrique. 



Première journée de route, 570 kilomètres, les routes sont très tranquilles et aucun bouchon, ce qui est rare en Europe. Ici aussi les voyages inter-régionales sont tenues au minimum.

Je suis rendu à Dijon, moi qui aime la moutarde !!!

J'arrête pour la nuit dans une aire de pique nique très tranquille et plutôt jolie. 



Après 447 kilomètres, j’arrête à la frontière entre la France et la Belgique. Tant qu'à arrêter pour une petite pause de route, vaut mieux arrêter dans un joli village. Rocroy est un village fortifié dans les Ardennes Françaises.



  
 Bel endroit pour marcher un peu et s’étirer les jambes 



Je suis un peu inquiet pour demain, j'ai eu plein de contradictions sur la frontière de la Belgique.

Y a-t-il une surveillance frontalière ?

J'ai dû déjà contourné le Luxembourg qui empêchait tout voyage non essentiel.   

Impose t-il une quarantaine ???  



Ouf !!! Pas de vérification des agents de la santé à la frontière de la Belgique. Je peux faire les derniers 
200 kilomètres sans souci. Les Belges sont très respectueux de la distanciation sociale et du port du masque, ce qui me rassure. Contrairement aux Français dont plusieurs portent le masque sur le menton.  

Je suis rendu au port d'Anvers, le deuxième plus gros d'Europe après Rotterdam. Je dois faire faire la
vidange et le nettoyage du réservoir de propane pour avoir un certificat de conformité, document 
indispensable pour un embarquement sur le cargo.

Après 6 heures de nettoyage à l'azote, le technicien et officier de certification s’obstinent sur les valeurs différentes de leurs instruments de détection de gaz.

Deux heures plus tard je peux enfin partir mais avec une copieuse facture de 640 euros.



Je peux enfin laisser le campeur au bon endroit dans le port et prendre la route du Québec. A mon 
arrivée à la gare d'Anvers, je demande un billet de TGV pour Paris, le commis me répond très poliment:

"Monsieur est sûr qu'il veut aller à Paris" 
"Paris est rouge écarlate Monsieur" 

Et oui !!! Je rentre à la maison et je passe par Paris pour prendre mon vol. Le retour a bien été, le TGV
et l'avion étaient presque vides. Comment les compagnies aériennes vont faire pour passer à travers  
ces temps difficiles ?



WOW. Le temps est très clair et on survole le Groenland, on peut voir les glaciers et les fjords.
Après des dizaines de vols sur l'Europe, c'est la première fois que la visibilité est assez bonne
pour voir le sol. "Quel spectacle"







L’aéroport Trudeau est presque vide, une petite cinquantaine de personnes attendent de passer les 
douanes et ça prend un temps fou. Chaque personne passe plusieurs minutes avec les douaniers.

Les douaniers Canadiens m'attendaient de pied ferme. "D’où venez-vous ?"    "Paris"

"Paris est Rouge, Rouge Rouge, Monsieur"

!!! Non Non pas encore cette histoire là !!! 

"Vous devez passer voir un agent de la santé, suivez-moi"

On me pose plusieurs questions sur l'endroit où je ferai ma quarantaine.  Combien de pièce à ma maison?  Combien de toilette et de cuisine ? Qui va me nourrir durant ma quarantaine ?

"Je lui répond ma conjointe Diane"  L'agente me demande son nom complet et sa date de naissance.

"Il y a un problème, votre conjointe a plus de 65 ans et elle est à risque si elle vous héberge"

"Nous devons avoir son autorisation de vous héberger avant de vous laisser partir"

 Coup de téléphone à Diane qui accepte gentiment de m’héberger dans notre maison. Je peux enfin 
quitter, rentrer à la maison et commencer ma deuxième quarantaine depuis le début de la pandémie.

 



C'est parti !!!

Le campeur est à l’intérieur du cargo/roro "Sun Atlantic" et vogue vers Halifax.




Durant ma quarantaine je peux suivre le "Sun Atlantic" grâce au système de positionnement
A.I.S, et je peux même voir les conditions météo que rencontre le cargo. Nous vivons présentement
  une année cyclonique record, 5 ouragans étaient en Atlantic nord lors du passage du cargo. Trois
 étaient loin au sud et les deux autres étaient loin au nord, ce qui a provoqué une haute pression sur la
route du bateau avec des vents légers et une belle mer.  
  



  Le "Sun Atlantic" est arrivée à Halifax le 29 septembre à 5:00 et moi je prend l'avion le
2 Octobre,  je ne m’attendais pas à une autre aventure rouge écarlate. 

Le problème cette fois-ci c'est la bulle atlantique, personne ne peut traverser la bulle sans faire de
quarantaine. Mais on a fait une exception pour les québécois qui reviennent des îles de la Madeleine.
Donc je veux profiter de la même exception.

A l’arrivée à l’aéroport d'Halifax j'explique mon projet à l'agent de la santé qui accepte et me laisse
passer. Je sors de l’aéroport tout heureux d'avoir passer cette première étape.  

Je rencontre mon courtier en douane à 7:45 pour recevoir les papiers, à 8:00 les douanes et
je pense partir avec le campeur ????

Trop facile pour se passer comme ça. Je tends mes papiers au douanier et il prend aussitôt le téléphone,
raccroche et me dit tout sourire "l'inspection du ministère de l'agriculture n'est pas faite" peut-être Lundi.

Non !! Non !!  L'estomac me fait deux tours.
Ce n'est pas possible, le campeur est au port depuis 3 jours et l'inspection n'est pas faite. Je dis au douanier que le port ferme à 11:00 et je dois partir au plus vite.

Il me dit qu'il va mettre un "rush" mais il ne promet rien. Je téléphone à mon courtier, lui explique la situation et de son côté met aussi de la pression sur les agents de l'agriculture. Le temps passe et à
11:00 pas de nouvelle, le port est fermé, je suis fait. Ça va mal.

Que faire maintenant,  me cacher dans un hôtel et me mettre en quarantaine pour la fin de semaine ??
Pour quatorze jours ??

Je réserve un hôtel à Halifax et je me dirige vers celle-ci, à 13:00 heures le téléphone sonne c'est la 
douane, les papiers pour l'inspection sont prêts et le douanier me dit de venir les chercher lundi matin.
Non! Non! tout de suite ! 

Je vire de bord et retourne au douane, toujours le même douanier qui m’attend. Maintenant prouvez-
moi que vous avez payé vos taxes canadiennes. "Pas encore une autre merde", je n'ai rien pour prouver que la taxe a été payée. Je lui explique qu'au Québec quand on reçoit  les enregistrements tous les droits ont été payés. Pas sûr me dit-t-il, je vais aller voir mes confrères. Après un long conciliabule ces trois douaniers qui reviennent me voir et me disent "c'est bon pour les taxes, mais vous arrivez d'où ? et
où allez-vous attendre la réouverture du port ?

Je leur dis que j'arrive du Québec, "Québec c'est ROUGE"
Nous, on est des douaniers on ne peut rien faire mais si la police t'attrape c'est la prison automatique.

WOW!!! La ça va encore plus mal.

Je leur dis que je vais aller au port pour voir si une exception serait possible sinon je vais aller dans
une chambre d’hôtel et m'isoler en quarantaine. On ne prend pas de chance avec toi, on t'appelle un taxi.

Je suis dans le taxi et le chauffeur me demande où j'ai fait ma quarantaine ? Pas encore des questions,
je suis écœuré de toutes ces questions sur la quarantaine. J’évite la réponse et mon téléphone sonne,
c'est mon courtier en douane qui m’appelle tout énervé. 

"Vous avez tous vos papiers et ça commence à jaser q'un Québécois se promène lousse à Halifax.
Prenez un taxi et vite au port, j'ai fait ouvrir le port et ils vous attendent. Embarquez dans votre campeur et prenez la route sans vous arrêter"  

Je lui dit que je suis déjà dans le taxi et à quelques minutes du port. A l'arrivée au port
la sécurité m’attend. " c'est toi le québécois " Oui " Ton camion t'attend"

Ouf !!!   Je constate que le campeur est en bon état et je quitte Halifax.

Toute une aventure. Je peux enfin relaxer un peu sur la route qui sera longue jusqu'au Québec.
695 kilomètres sans arrêt, j'arrive vers 22:00 fatigué mais heureux d'avoir réussi.

Je ne blâme pas le gouvernement de la Nouvelle Écosse d'agir ainsi, ils ont seulement un
nouveau cas de covid et nous les taux demeurent très élevés. 




Après une bonne nuit de sommeil je reprends la route et fais les derniers 580
kilomètres qui restent avant la maison.



Le campeur à la maison après plus de neuf ans.